L’Autorité de surveillance des marchés financiers confirme mercredi dernier la réception de la demande d’évaluation de la part de la Libra Association, trois mois après l’annonce du projet par Facebook, appelé à bouleverser le système des paiements à l’échelle internationale vu l’importance du réseau social qui compte plus de 2 milliards d’utilisateurs.

C’est via la Finma, le régulateur sorte de gendarme financier en Suisse qui devra donner son aval à la nouvelle monnaie du géant bleu. Comme expliqué dans une de mes précédentes chroniques, le choix de la Suisse ne tenait pas du hasard avec la présence de David Marcus aux commandes de ce projet ambitieux. Déjà très actif lors de son passage par Genève, il avait enchainé avec des réussites telles que Paypal ou la fameuse messagerie de Facebook. Un exemple qui est très prisé dans notre pays tellement nous avons de la peine à être fiers de nos réussites. Alors quand il s’agit de retombées aussi importantes que mondiales, tout est réuni pour que la Suisse soit mise également en avant. Le marché de la cryptomonnaie a d’ailleurs donné vie à une appellation que tous ici se plaisent à reprendre, celle de la crypto Valley faisant ainsi de notre pays, une place importante voir même centrale. Et tout ceci ne tient pas uniquement au fait que notre passé est directement rattaché à une forte expertise bancaire. Les conditions-cadres mises en place ont attiré plethores d’acteurs dans ce domaine. 

Pour revenir sur le lancement de la Libra, il semblerait que les choses aillent plus vite que prévu ou tout du moins, il y a ici une véritable envie de boucler le dossier encore cette année. Souvenez-vous, il s’est à peine passé trois mois avant que nous revenions sur le dossier. Les prochaines étapes ? L’Autorité de surveillance des marchés financiers confirme mercredi la réception de la demande d’évaluation de la part de l’association qui gère la Libra. Pour obtenir l’aval en tant que système de paiement, une condition fondamentale doit être remplie, à savoir que les recettes liées à la gestion de la réserve ainsi que les risques soient assumés pleinement par la Libra Association et non – comme dans le cas par exemple d’un fonds – par les éventuels détenteurs des « stablecoins » (les fameux jetons Libra), avertit la Finma.

Volonté affirmée aussi des États-Unis qui suivent de très près ce dossier. Sigal Mandelker, sous-secrétaire au Trésor américain chargé du terrorisme et du renseignement financier, s’est adressée à la presse lors d’une table ronde à l’ambassade des États-Unis à Berne le 10 septembre 2019. Ses propos étaient très clairs: « « Qu’il s’agisse de bitcoin, d’Ethereum, de Libra, notre message est le même pour toutes ces entreprises : la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme doit être intégrée dès le départ dans votre conception », a déclaré Madame Mandelker.

Ce suivi si attentif des États-Unis laisserait penser que pour une première fois pour une nouvelle monnaie, la prise au sérieux de ce projet viendrait faire oublier ce qu’il s’est passé par exemple avec le Bitcoin. Une monnaie qui a servi à beaucoup d’usages et pas forcément des plus recommandés. Avec l’anonymat et son cours élevé à certaines périodes, il fut un véritable outil également prisé par des trafiquants, des vendeurs de drogue ou des hackers qui prenaient en otage des données de sociétés sur lesquelles ils s’étaient infiltrés. Un phénomène pour ce dernier point, qui est malheureusement toujours d’actualité. 

Alors que penser de cette prise de conscience des USA ? Que penser de cette rapidité à mettre en place cette monnaie ? Devons-nous penser que pour une première fois une cryptomonnaie est enfin prise au sérieux ? Ou alors les enjeux seraient si importants que les états unis se doivent d’être partie prenante du projet Libra ? Comment un acteur tel que Facebook a réussi ce tour de force d’emmener avec lui pas moins de 28 acteurs importants de l’économie numérique comme partenaires ? Ou alors sont-ce les deux milliards d’utilisateurs de Facebook qui rendent la chose crédible et si importante ?

Pour connaitre en partie les réponses à ces questions, rendez-vous est donné lors des conclusions de la Finma