Après l’improbable monnaie « jazz » du festival du même nom de Montreux, voici que les autres festivals comme le Cully Jazz donneraient presque dans l’arnaque avec son système de consignes.

Partant d’un bon sentiment le système de consignes qui consiste à déposer un ou deux francs quand on s’achète un verre à boire est peut-être une fausse bonne idée. Pour peut être également remédier au problème de pollution et de déchets, le festival de Montreux avait à l’époque instauré un système basé sur une nouvelle monnaie le « jazz ». À l’époque c’était aussi l’occasion de motiver les utilisateurs à utiliser le système « cash » lancé par quelques banques. La puce électronique embarquée à bord de nos cartes de payement pouvait être chargée avec du cash virtuel qui permettait de payer sans devoir sortir de la menue monnaie. En parallèle du système en question le festival avez également mis en place sa propre monnaie. Une monnaie que l’on échangeait avec de véritables francs suisses pour payer toutes sortes de consommations. L’idée première partait réellement d’une bonne intention: celle de se faciliter la vie, d’avoir un contrôle total sur ce qui était dépensé et d’éviter tout problème et risques liés à la manipulation d’argent. De plus un autre choix était proposé aux utilisateurs et festivaliers celui d’utiliser cette monnaie moderne qui consiste à charger sa carte de payement avec de l’argent sur la fameuse puce électronique embarquée. À l’époque je crois que l’un des principaux sponsors de cette manifestation n’était autre que la banque UBS. Sous le nom du système cash c’était l’occasion pour les festivaliers de ne pas avoir à se promener avec beaucoup d’argent sur soi. La limite du système que j’ai pu constater au moment de la fin du festival fut évidente. En effet si vous aviez changé beaucoup d’argent contre des « jazz » vous pouviez vous retrouver à ne pas pouvoir les récupérer,  j’entends par-là pas pouvoir se faire rembourser la valeur de cette monnaie contre des francs suisses. Déjà que le Montreux Jazz (que j’aime beaucoup) a une réputation de festival pas très bon marché, l’ardoise pouvait être douloureuse à supporter en fin de compte.

Revenons à Cully, un festival qui combat les déchets et la pollution de façon très soutenue. Pour empêcher que cette petite bourgade ne ressemble à un dépotoir, un système de consigne sur les verres existe depuis quelques éditions. À coup d’une pièce d’un franc, vous vous retrouvez à devoir garder votre gobelet en plastique une fois votre boisson terminée en gage d’échange avec votre franc. Un système qui semble simple, évident voir efficace, mais qui, pour le Cully Jazz Festival, ne s’arrête pas là. Même si certaines boissons vous sont vendues avec la bouteille en verre (comme certaines bières par exemple) la plupart des boissons sont servies avec ces verres en plastique.

Un petit creux en cours de soirée ? Vous tentez l’approche du stand de cuisine thaï ou alors jetez votre dévolu sur une gaufre encore chaude ? Même combat! Que ce soit pour les couverts (toujours en plastique) ou le petit morceau de carton qui tiendra votre dessert sucré, il vous faudra dépenser un franc de plus!

D’accord, rien de grave même si cela surprend un peu de voir une telle pratique, mais là où ça se gâte c’est quand vous décidez de récupérer votre garantie, votre dépôt, votre consigne. Hé oui, on parle encore bien d’argent. Ça se gâte parce que c’est tard dans la soirée, vers les deux heures et demie du matin que vous décidez de ramener tout votre matériel pour récupérer votre butin. Premier bémol: la plupart des stands, ceux-là mêmes qui vous ont nourris et abreuver ne récupèrent pas forcément vos ordures. Oui puisqu’à ce stade on ne peut que les considérer ainsi. On vous indique qu’un stand tout spécialement dédié vous attend avec vos « choses » pour vous rendre votre argent, si si! Manque de pot, le second bémol arrive: le stand n’est pas ouvert toute la nuit. Hé oui le petit personnel a aussi droit à une vie privée et souhaite faire dodo, comme vous d’ailleurs puisque vous avez décidé d’arrêter de manger des gaufres tenues par du carton ou manger des bières servies dans des gobelets en plastique. Si vous avez un peu de chance, vous tomberez sur une âme bienveillante qui vous indiquera que votre monnaie vous attend à un stand à la gare de Cully. Tiens ? Amusant ! Comme les trains ne circulent pas toute la nuit ou que peut-être vous n’avez pas utilisé les transports en commun, vous avez une méchante impression de découragement forcé. Bref, vous ne reverrez pas votre consigne ce soir.

Le festival de Cully a connu une belle fréquentation. Pas moins de 65’000 visiteurs environ et plus de 14’000 billets vendus pour l’entier de cette manifestation. Prenons ces chiffres à la louche et faisons un petit calcul. Comme la plupart des festivals se félicitent de leur affluence, on fera donc un total de 79’000 personnes qui sont venues sur les bords du Léman. Comme tout le monde ne boit pas, ne mange pas, n’est pas en âge de le faire (de boire donc) et que peut être certain des festivaliers sont repartis à temps, bien avant la fermeture, on peut donc très très largement imaginer qu’un pourcentage très bas de personnes se sont retrouvées à ne pas pouvoir récupérer leurs dus ou pire encore (mieux encore pour le festival) ils n’avaient que faire de ramener de la menue vaisselle contre de l’argent. Restons donc au chiffre très très bas de 7% sur l’entier du public. Cela nous donne donc tout de même un montant de CHF 5’530 francs si on compte que chacun n’avait qu’un seul objet à ramener. Le chiffre peut donc être revu largement à la hausse pour ce point ou pour le pourcentage sur le nombre total.

Gageons que le Festival de Cully saura quoi faire de cette manne supplémentaire, mais qu’en plus il aura la décence de nous faire part de son usage. Comme une sorte de crowdfunding obligé voir une arnaque! ?